Le Jeu des 1 000 euros, c’est le fil conducteur du Jeu des 1 000 histoires, un portrait interactif de la France contemporaine. Un programme qui raconte avec humour le quotidien de la fameuse émission animée par Nicolas Stoufflet et réalisée par Yann Pailleret.
Une petite fabrique à histoires, où l’aléatoire et le jeu permettent au spectateur d’aller à la rencontre de ceux qui font Le Jeu des 1 000 euros, de ses auditeurs et participants.
Une machine à raconter des histoires
Ici, l’internaute intervient directement sur la trame des histoires qu’il regarde. Enfin, s’il en a envie ! A chaque passage, trois séquences mêlant photos, vidéos et sons à assembler, soi-même ou en laissant faire le hasard, pour composer une histoire. Puis une autre, puis une autre…
Petites habitudes, bons mots, angoisse de la salle vide, situations et réactions parfois incongrues. Chaque jour un nouveau décor pour le même ballet : l’organisation, les techniciens en salle, l’attente du public, les villes et villages qui s’animent au rythme du métallophone, les bonnes réponses, les déçus et les vainqueurs…
Peu à peu, c’est tout l’envers d’une mécanique bien huilée qui se découvre.
Chaque histoire se compose de 3 tranches, un « début », un « milieu » et une « fin », en tout, 1 000 possibilités et un programme d’environ soixante-quinze minutes.
Philippe Brault est photographe et chef opérateur, membre de l’Agence VU’. Après avoir travaillé plusieurs années comme assistant caméra sur des documentaires et des fictions, il se tourne vers la photographie, en 1993. Son travail a été publié et exposé dans le monde entier. Prison Valley, qu’il coréalise en 2010 avec David Dufresne, marque son retour à la caméra. Ce webdocumentaire sur l’industrie de la prison dans le Colorado, produit par Upian et Arte, a été récompensé par de nombreux prix internationaux (World Press Photo Multimedia Contest, Prix Italia, Prix France 24-RFI, Grimme Online Award). Muni de ses appareils photo, Philippe a suivi les pas de Nicolas Stoufflet et de Yann Pailleret pendant près d’un an pour réaliser Le Jeu des 1 000 histoires.
Un portrait de la France en général
« Il ne s’agissait pas de réaliser un portrait de la France en général, mais bien de celle que l’on peut observer au travers de ce jeu. »
Alexandre Brachet
Alexandre Brachet : « Nous avions envie de nous éloigner de l’univers nord-américain, qu’on retrouvait dans Prison Valley ou qui prédomine dans Fort McMoney [NDLR : le gamedocumentaire de David Dufresne pour lequel, comme pour Prison Valley, Philippe Brault a assuré la photographie] ; cet univers un peu post-humain où les problématiques de société nous font nous poser de grandes questions sur l’homme… Nous voulions nous rapprocher, être plus près des gens en quelque sorte. Et faire un projet sur la France. Cela faisait longtemps que nous y réfléchissions. Mais, en même temps, il ne s’agissait pas de réaliser un portrait de la France en général, mais bien de celle que l’on peut observer au travers du Jeu des 1 000 euros. Il s’agissait de mettre en lumière les valeurs d’humilité que porte ce programme radiophonique. Ici, nous sommes loin des grand-messes médiatiques et des jeux télévisés qui promettent des millions d’euros ou qui font preuve de voyeurisme et dans lesquels, finalement, le plaisir du jeu n’est plus la principale raison d’être. Le Jeu des 1 000 euros, c’est un univers où le plaisir du jeu, avec son côté culturel, est au centre de la mécanique et où il n’y a pas beaucoup à gagner. Cela fait un peu cliché de dire cela, mais nous voulions vraiment aller à la rencontre de nos compatriotes, avec quelque chose de tendre et de doux dans la façon de filmer. »
« L’intimité était difficile à atteindre et nous ne voulions pas inventer ce qui n’existait pas. »
Philippe Brault
Philippe Brault : « J’ai effectué deux repérages de quatre jours en juin et juillet 2012. Pour le tournage, j’ai suivi l’animateur Nicolas Stoufflet et le producteur Yann Pailleret en me calant sur leurs tournées. Ils partent toujours fin août sur les routes pour une nouvelle saison, à raison de deux semaines par mois, environ. J’ai voyagé neuf à dix semaines avec eux, à divers moments, pour capter au mieux les différences de saison. Force est de constater qu’il n’a pas fait très beau, donc il y a souvent un temps assez gris à l’écran (mais aussi parfois de la neige) ! Ce dont je ne me rendais pas compte, c’était le rythme marathon qui est le leur : ils arrivent dans les villes à midi, ils enregistrent deux à trois émissions à la suite puis repartent le lendemain matin. Mine de rien, entre les rencontres avec la mairie, l’installation dans la salle des fêtes, le jeu lui-même, le contact avec le public puis, le soir, le prémontage… c’est éreintant ! En général, la journée se termine donc à 20 heures. C’était une des limites de l’exercice documentaire : l’intimité était difficile à atteindre et nous ne voulions pas inventer ce qui n’existait pas. En même temps, cette forme de routine et de rituel faisait l’attrait de l’observation. »
Extrait d’une interview parue sur Le Blog Documentaire